Monsieur le Maire, Madame le Maire-adjoint, Messieurs les Curés et Pasteurs, Mesdames et Messieurs les responsables d’associations, Mesdames, Messieurs, Mes chers amis,
C’est avec émotion et espoir que je m’adresse à chacun de vous aujourd’hui, en ce jour solennel de Kippour, chabbat des chabbat. Comme vous tous, je ne peux que songer tout d’abord aux familles Sandler et Monsonégo, meurtries dans leur chair parce qu’un fou d’Allah leur a ravi ce qu’elles avaient de plus cher, leur époux et enfants par haine des Juifs et d’Israël. J’aimerais que chacun de nous garde fidèlement en mémoire les mots de l’épouse de Jonathan Sandler, professeur de religion, qui dans une lettre bouleversante empreinte d’une extraordinaire dignité nous a livré un enseignement aussi précieux que celui de nos Sages.
"L’Éternel a donné et l’Éternel a repris ; que le Nom de l’Éternel soit béni." Je remercie le Tout-Puissant pour m’avoir donné le privilège, aussi bref qu’il fût, d’élever mes enfants avec mon mari. Maintenant, le Tout-Puissant a voulu les reprendre près de Lui. À tous ceux qui souhaitent apporter la consolation à notre famille et le bien-être aux âmes des défunts : perpétuons leur vie sur cette terre. Aux parents, s’il vous plaît, embrassez vos enfants. Dites-leur combien vous les aimez et comment ils sont chers à votre cœur, qu’ils soient des exemples vivants de notre Torah, pénétrés de crainte du Ciel et de l’amour de leurs semblables. S’il vous plaît, augmentez votre étude de la Torah, que ce soit seul ou avec votre famille et vos amis. Aidez ceux pour qui, il peut être difficile d’étudier seul. S’il vous plaît, ajoutez de la lumière au monde en allumant les bougies du Chabbat ».
Plus proche de nous, nos pensées vont tout d’abord vers le Grand Rabbin de Paris, M. David Messas (de mémoire bénie) qui nous a quité le 20 novembre 2011 et vers notre ami Albert Ayache qui nous a quitté le 12 août dernier. Qu’ils reposent en paix auprès des leurs et que leurs mérites soient une source de bénédictions pour chacun d’entre nous.
En ce jour si particulier qui, dans le monde entier, nous rassemble tous, chacun face à nous-même, Yom Kippour marque nos consciences juives d’un éclat si particulier, qu’il est capable de réveiller en nous plus de ferveur que les jours ordinaires. Alors, je veux rappeler ici, la joie que nous avons ressentie à l’annonce de la libération de Guilad Shalit après plus de 5 années passées dans les geôles du Hamas. Dans le calendrier du CCJN de l’an passé nous avions édité une demie page où nous élevions une prière pour qu’il retrouve sa famille avant les fêtes de Soukot 2011. Nos prières comme celles de centaines de synagogues à travers le monde furent exaucées. Alors, ce soir, faisons tous ensemble une prière pour que nos malades puissent retrouvés rapidement la pleine santé.
Ce soir, cher M. Jarry, chère Mme Quilin, cher M. Javary, vous êtes avec nous, à nos côtés, comme chaque Yom Kippour et je vous en remercie au nom de l’ensemble de notre Communauté. Je voudrais si vous le permettez, souhaiter la bienvenue avec hospitalité à celles et ceux de notre Communauté que nous entrevoyons trop peu souvent dans l’année, et je n’hésite pas à leur dire, combien leur présence nous manque au quotidien, et combien nous avons besoin de chacun d’entre vous pour mener les nombreuses missions qui sont les notres. Car, au delà de l’illusion de nos différences, de nos dissemblances, notre identité est commune. Tous, nous sommes porteurs du Judaïsme à notre manière, engagés individuellement à des degrés divers dans une pratique juive. Lorsqu’un juif porteur de kippa est pris pour cible, lorsque l’on fomente un attentat dans un supermarché pour tuer du juif, lorsque l’on tente de brûler une synagogue, ce sont tous les Juifs, quel que soit leur degré d’observance‐qui sont visés, car au travers des individus ou des lieux symboliques, c’est le Judaïsme, dans sa dimension collective et identitaire qui est attaqué.
De même, lorsqu’Israël est agressé, menacé et ses ressortissants assassinés comme cet été en Bulgarie, c’est tous les Juifs du monde qui sont atteints et touchés. Sachons donc être conscients de la nécessité de notre solidarité. N’oublions pas que nos synagogues et Israël sont des lieux de vie, d’histoire et d’épanouissement et qu’il ne tient qu’à nous de les faire rayonner davantage, de transmettre tout ce que l’antisémitisme, autre nom de la haine, voudrait détruire ou nous empêcher de transmettre. Il nous faut donc préserver et consolider toute la richesse, la beauté et le patrimoine de notre identité. Il est donc essentiel que chacun puisse se sentir concerné par les activités, les enjeux autant que les projets qui touchent l’ensemble de la communauté juive de France et en particulier celle chère à nos cœurs, la notre, celle de Nanterre. Quelle que soit l’attache qui lie chacun de vous au Judaïsme, qu’il s’agisse de ses valeurs, de défendre Israël, de soutenir le travail de mémoire, ou de perpétuer des traditions familiales -dont les fêtes, la culture ou la tradition
culinaire-, chacun doit sentir et savoir que la synagogue n’est pas qu’un lieu de culte mais la maison de tous les Juifs quels qu’ils soient.
Monsieur le Maire, Madame le Maire-adjoint, Mes chers amis,
Comme je l’ai évoqué au début de mon intervention, nous avons tous en mémoire la tragédie de Toulouse et de Montauban. Malgré le sursaut républicain de nos compatriotes, il s’est trouvé des jeunes pour prendre la haine et l’antisémitisme pour exemple et redoubler d’actes et d’injures antisémites partout en France. L’accroissement des chiffres est spectaculaire.
Lors de la dernière manifestation face à l’ambassade des Etats-Unis, des hommes et des femmes parfaitement identifiables ont crié en arabe : «égorgez les juifs, égorgez les juifs» face à la force publique. Mais que fait la Police ? serait-on tenté de dire. Il faut donc être vigilants et nous resterons vigilants.
Le dialogue interreligieux est depuis longtemps au CCJN, un outil de communication et d’éducation efficace, parce qu’il montre que les différences peuvent être sources d’enrichissement. J’en veux pour preuve les échanges réguliers que nous avons pour certains, initiés à Nanterre. Ce dialogue témoigne d’un respect mutuel entre les différentes communautés religieuses. Je tiens à préciser à nos amis musulmans qu’il est également de leur intérêt de combattre l’islamisme. A ne pas se démarquer vigoureusement et sans ambiguïté d’une entreprise de haine et de mort, ils ne résisteront pas longtemps aux amalgames et au rejet d’une partie de la population.
Concernant la laïcité et la liberté religieuse en France, des voix s’élèvent çà et là pour fustiger telle ou telle pratique (circoncision, abattage rituel, portde la kippa), telle ou telle communauté (tantôt juive -surtout juive-, tantôt musulmane -souvent musulmane-, parfois chrétienne). Et comme toujours ce sont les extrêmes qui se font entendre, de gauche comme de droite. Le port d’une kippa n’a jamais été un danger pour la République de même qu’un foulard, qu’il soit Hermès ou islamique. Par contre, sortir masqué sous un nikab ou une burka est contraire aux valeurs républicaines et dangereux pour la sécurité publique. Il ne faudrait pas qu’une conception étroite, sourcilleuse et radicale transforme la laïcité en une nouvelle religion dogmatique avec ses interdits et son intolérance, qui n’accepte aucune différence à force d’assimiler l’égalité à la confusion ou à l’absence de différences, lesquelles ont pourtant largement contribué à façonner la culture de notre nation.
Les Juifs de France, n’ont jamais remis en cause les lois républicaines. Le Judaïsme depuis des siècles, a-il été un danger pour la France, pour la République ? Jamais. L’inverse par contre fut malheureusement vrai à certaines périodes tout au long des siècles précédents. Nous ne pouvons donc tolérer que ce contrat avec la République Française puisse être remis en cause, nous empêchant de pratiquer librement notre religion, en contradiction avec l’article 1 de notre Constitution qui garantit la liberté de religion. Nous Juifs de France, n’avons jamais cherché à imposer quoi que ce soit à la société française. Depuis toujours des juifs portant la Kippa, mangeant casher et circoncis ont contribué au progrès, à la grandeur et à la modernité de la France et de l’Europe. La pratique de notre culte est entièrement compatible avec les règles d’une République laïque.
Dimanche dernier, à l’occasion des voeux de bonne année à la Communauté Juive de France et à l’invitation de M. Joël Mergui, Président des Consistoires de France et de Paris et en présence de l'Ambassadeur d'Israël, S.E. M. Yossi Gal, le Ministre de l’Intérieur, M. Manuel Valls a dit ceci sur ce sujet : « La France a besoin des Juifs de France ». Il a rappelé que « La France a une part juive incontestable et qui ne peut être contestée », soulignant combien cette part juive est « constitutive de l’identité, de l’histoire et de la culture de la France (...). La liberté de croyance a-t-il insisté avec force : c’est la liberté de porter la kippa, c’est la liberté de manger casher, c’est la liberté de réaliser la circoncision (…). Oui, les Juifs de France, peuvent porter avec fierté leur kippa ».
Concernant les liens inaltérables qui lient chaque Juif de France à Israël et à Jérusalem, sa capitale une et indivisible, il est primordial de combattre toute importation de conflits extérieurs. En effet, sans préjuger des décisions que prendra l’Etat d’Israël dans un proche avenir pour sa survie et sa sécurité, le passé nous a montré que le risque de répercussions sur les communautés juives de par le monde était bien réel. Les éventuelles manipulations d’opinions publiques et récupérations politiques pourraient avoir de terribles et tragiques conséquences en France. Par ailleurs, il nous paraît essentiel de dénoncer sans cesse l’illégalité de la campagne de boycott des produits israéliens, qui vise souvent les produits cashers, mais pas seulement, (médicaments génériques, microélectronique, médical, etc...) menée par des organisations pro-palestiniennes. N’hésitez pas, mes chers amis, à nous informer de toute action de boycott que vous pourriez rencontrer. Nous les ferons remonter à nos instances communautaires (Consistoires, SPCJ ou Crif) et nous les ferons condamner dans le respect des lois françaises en vigueur.
Dans quelques mois, le CCJN fêtera donc ses 20 ans d’existence et procèdera à de nouvelles élections pour un nouveau Conseil d’Administration. Les Conseils d’Administrations successifs que vous avez élus mes chers amis, durant toutes ces années et dont j’ai eu le privilège et l’honneur de diriger, ont travaillé consciencieusement en veillant aux intérêts du Judaïsme dans notre ville. Mais pas seulement, car nous avons démontré tout l’intérêt que nous portons à notre intégration dans Nanterre et au sein de son tissu associatif. Le CCJN a assuré, assure et je l’espère assurera à l’avenir la bonne administration du culte et de tous les moyens d’une vie juive foisonnante : conférences, bibliothèque, sorties culturelles, Talmud Torah, spectacles, etc.
Vous l’aurez compris, nous avons besoin de vous et de votre solidarité active pour continuer à renforcer au quotidien notre communauté, votre communauté, afin que le CCJN agisse en votre nom et développe les valeurs universelles du Judaïsme.
Une de nos valeurs, c’est l’humour, le fameux humour juif... Dialogue entre une petite fille et sa maman :
- Dis maman, comment ils sont nés les tout-premiers parents ?
- Hé bien, lui répond sa maman, c'est D-ieu qui a créé les premiers parents humains, Adam et Eve. Adam et Eve ont eu des enfants qui plus tard sont devenus parents à leur tour et ainsi de suite. C'est ainsi que s'est formée la grande famille humaine.
Deux jours plus tard, la fillette pose la même question à son père. Celui-ci lui répond :
- Tu vois ma fille, il y a des millions d'années, les singes ont lentement, très lentement évolué jusqu'à devenir les êtres humains que nous sommes aujourd'hui.
La petite fille toute perplexe retourne aussitôt voir sa mère :
- Maman, Maman, mais comment c'est possible que tu me dises que les premiers parents ont été créés par D-ieu et que Papa me dise que c'était des singes qui ont évolué ?
Et la mère de lui répondre très calmement, tout en lui souriant affectueusement :
- C'est très simple ma chérie ! Moi, je t'ai parlé de ma famille... et ton père de la sienne !
Mes chers amis, dans notre calendrier hébraïque, le mois de Tichri, depuis les fêtes de Roch Hachana (le jour du jugement) en passant par Yom Kippour (le jour du pardon) et la semaine de Soukot (la fête des cabanes) est une période propice pour prendre de nouvelles résolutions pour l’avenir. C’est pourquoi, j’appelle chacun d’entre vous, à se mobiliser pour faire reculer l’ignorance, la bêtise, la haine et la barbarie. Je forme également le vœu que tous nos espoirs se réalisent, que nous trouvions en nous, et autour de nous, assez de force et de courage pour qu’ils puissent voir le jour et, que chacun d’entre nous goûte une année de douceur et de paix, dans un monde qui aura appris le sens des mots harmonie et « vivre‐ensemble » :
• Que l’Eternel nous accorde son Pardon et bénisse nos familles.
• Que l’Eternel nous envoie une pluie de bénédictions de 5773 façons.
• Que l’Eternel fasse que la paix règne dans nos foyers et dans nos âmes.
• Que l’Eternel nous permette de vivre 5773 sans peine et en bonne santé.
• Que l’Eternel fasse que la paix s’installe définitivement entre Israël et ses voisins.
• Que l’Eternel bénisse et protège l’Etat d’Israël et le peuple israélien.
• Que l’Eternel bénisse et protège La République Française et le peuple français.
Paul Silvéra
Président
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