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mercredi 8 août 2012

Etat Juif, qu’es aquo* ?


Le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé qu’il refusait de reconnaître Israël en tant qu’Etat juif, comme l’a exigé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. « Etat juif, c’est quoi ça ? Vous pouvez vous faire appeler comme ça vous plaît, mais moi je ne l’accepte pas et je le dis publiquement », a déclaré M. Abbas dans une allocution à Ramallah, en Cisjordanie.
Il le dit publiquement et il fait bien. C’est ce qui le différencie de son prédécesseur, le sieur Arafat, 6ème fortune mondiale des chefs d’Etat et têtes couronnées au moment de sa mort.



Car, à part amasser des gains substantiels pour son propre compte sur le dos de l’aide internationale et des Palestiniens exsangues, Arafat pensait sensiblement la même chose que Mahmoud Abbas.

Mais lui ne le disait qu’en petit comité ou en arabe dans ses allocutions. En anglais, le bougre était beaucoup plus discret sur ses véritables intentions politiques, à savoir rejeter les Juifs à la mer.

Mahmoud Abbas ne sait pas ce qu’est un Etat juif ? On peut le comprendre. Il ne sait pas non plus ce qu’est la Shoah. Il a passé son doctorat dans une université russe bien connue à défaut d’être performante.
Son directeur de thèse était Ministre des Affaires étrangères (1).

Et une partie de cette thèse consistait à nier la réalité de l’Holocauste.

A juste titre, le monde entier s’est ému des propos de Williamson. Sauf le Pape qui, parait-il, ignorait les opinions d’un de ses évêques rétrogrades.

Quelle bonne blague, quand on pense à la qualité des services de renseignements du Vatican, l’un des plus performants au monde. Bien entendu, il n’ignorait rien et la Curie romaine a préféré penser que cela allait passer comme une lettre à la poste. Hélas…

Ce qui est étonnant, c’est que les propos et les opinions de Papy Williamson (puisqu’il tient tant à se faire appeler Père, autant lui donner le titre qui lui convient) ont été condamnés unanimement.

Par contre, toutes les diplomaties accueillent Mahmoud Abbas et négocient avec lui alors qu’il tient, soutient et enseigne les mêmes thèses.

Il en va ainsi de la politique. Il faut qu’elle soit « real ». Kouchner l’a d’ailleurs affirmé il n’y a pas si longtemps pour tacler Rama Yade.

Déjà que Mahmoud Abbas n’aime pas les Juifs morts, on ne va pas lui demander d’aimer les Juifs vivants ! Surtout s’ils ont un Etat, qui plus est prospère au regard de ses voisins. Il a, de manière habile, tenu ces propos au moment ou celui-ci fête son soixante-et-unième anniversaire...

En Israël, l’éducation fait partie des priorités de l’Etat depuis sa création. On aimerait pouvoir en dire autant de ses voisins. En Egypte, le taux d’analphabétisme dépasse les 80 %.

Lorqu’on aime son peuple, on fait tout pour lui donner de l’instruction. Les Juifs l’ont bien compris. Quelques centaines de Nobel plus tard, on ne peut pas dire qu’ils aient eu tort. On ne voit d’ailleurs pas au nom de quoi l’Etat d’Israël ne serait pas un Etat Juif si la Palestine est un Etat Palestinien. La déclaration du 14 mai 1948 est l’annonce officielle de la naissance d’un État juif, nommé État d’Israël (Medinat Israel en hébreu).
.../...
Abbas le sait et ne peut donc faire semblant de s’en offusquer aujourd’hui. Comme il sait que Juif et Israël sont synonymes depuis quatre millénaires.

Mais il en est ainsi de la négociation avec les Palestiniens depuis 60 ans. A chaque occasion qui leur est donnée, leurs dirigeants reviennent sur ce qui semblait acquis, même par la communauté internationale, de manière à pouvoir exiger plus lorsque le contexte international leur fait obligation de négocier.

L’Etat Juif n’a pas été créé à cause de la Shoah, comme les négationnistes aiment à le faire croire. Israël est devenu une nation en 1312 avant J.C, soit 2000 ans avant même la naissance de l’Islam.

On ne voit enfin pas pourquoi l’Etat palestinien devrait être libéré de toute présence juive alors qu’Israël accueille des citoyens « Palestiniens ».

Il faut choisir.

La médiacratie de ces 40 dernières années tient pour acquis que le peuple juif serait illégitime alors que le peuple palestinien existerait bel et bien.

Au motif mathématique qu’un peuple qui a perdu sa terre depuis 2000 ans n’y a plus de légitimité alors qu’un autre qui n’y était que depuis deux génération et qui ne le réclame que depuis une seule (1967 pour être précis) en est un légitime propriétaire.

Une vaste blague et une forfanterie. Une escroquerie qui perdure et, mieux, qui devient de plus en plus légitimée par des discours offensifs comme celui d’Ahmadinejad.
Jamais aucune entité géographique et politique indépendante, aucun pays, ne s’est intitulé « Palestine » au cours de l’histoire. Par extension, aucun peuple ne s’est jamais appelé « palestinien » (Gabriel Benitah).
Les tenants de la thèse contraire sont bien incapables de nous chanter l’hymne national palestinien. Lequel d’ailleurs ? Celui du Hamas, du FPLP ou du Fatah ?

Le peuple palestinien existe ? Mais alors lequel ? Quelles sont ses origines ? Qui sont-ils, ces Palestiniens qui fondent le peuple, la nation palestinienne ?

Des Turkmènes, des Circassiens, déplacés là par l’Empire Ottoman ? Des Egyptiens, des Jordaniens ?

Bien sur, il y avait une population en Palestine. Bien entendu qu’il faut faire droit à ceux qui habitaient cette terre avant la création de l’Etat juif.
Leur faire droit ne signifie pas pour autant les laisser piétiner celui des Juifs que leurs ancêtres ont, volontairement ou non, chassé.

Il y avait aussi des Chrétiens, présents depuis 2000 ans sur cette terre. En Judée-Samarie, Arafat les dépossédaient de leurs monastères pour en faire des résidences privées avec piscines, dans lesquelles il allait se baigner en compagnie de jeunes garçons grassement payés par son entourage.
De son côté, à Gaza, le Hamas continue sur la lancée et les massacre allègrement dans l’indifférence générale.

Qui habitait la Palestine ?

Il y avait des Musulmans. En 1880, on comptait en Palestine, environ 420 000 Arabes, noyau du futur peuple palestinien, venus en majorité des pays voisins, et 30 000 Juifs.

Un afflux de population arabe, attirée par l’essor économique apporté par l’immigration des Juifs sionistes, se produisit entre 1880 et 1948, date de la création de l’État d’Israël. Entre 1936 et 1945, 100 000 Arabes au moins s’installèrent en Palestine pour trouver du travail. (Lire sur Primo Historique d’un mensonge, de Jean-Pierre Chemla, 2005).
L’un des héraults du peuple palestinien venait d’Egypte. Le Mufti Al Husseini, grand copain d’Hitler et grand oncle de Leila Shahid, né au Caire, descendait d’une famille marocaine.

A ne pas confondre avec Abd al-Kader al-Husseini, né véritablement à Jérusalem et fils de Moussa, ancien maire de cette ville, laquelle n’a jamais vu aucune visite d’Etat officielle par un dirigeant arabe durant les 19 ans de son occupation par la Jordanie.

L’un des pères de la « résistance » palestinienne, Izz al-Din al-Qassam est né en Syrie en 1882. Les roquettes que prennent sur la figure les habitants de Sdérot portent son nom. Bel héritage !

Que l’on n’aille pas nous raconter qu’il est né en Syrie parce que sa famille était en exil. A cette époque, par la bonne grâce de l’empire Ottoman, les Juifs étaient une infime minorité habitant dans des lieux arides.

Et les Arabes de Palestine se revendiquaient comme des Syriens du sud, considérant que la Palestine « était une invention sioniste ».

Pour Mahmoud Abbas, l’Etat Juif n’existe pas. Seules comptent sa terre et son peuple bien aimé. C’est certainement cet amour inextinguible de sa terre qui lui a fait choisir les pays du Golfe pour abriter sa retraite.

N’est-il pas vrai qu’il vient presque d’achever les travaux de la somptueuse villa dans laquelle il ira finir ses jours, du côté des Emirats ?

Si Israël n’est pas un Etat juif, alors les Territoires ne sont pas Palestiniens.
Oui, Israël est un Etat Juif, comme la France est un Etat français, l’Allemagne, un Etat allemand. Et selon les dernières informations en notre possession, l’Espagne est un Etat espagnol. Où est le drame ?
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Cela ne signifie pas, pour les uns comme pour les autres, qu’il faille se refermer et s’arcbouter sur cette définition. D’ailleurs, Israël pratique une immigration beaucoup moins sélective que la France et les seuls Etats où certaines catégories d’étrangers (les Juifs par exemple) sont interdites sont des Etats islamiques. Ou de futurs Etats palestiniens.

Et, que l’on sache, les premières femmes arabes à pouvoir voter étaient de citoyenneté israélienne, et ce depuis 1948.

Oui, un Etat Juif...

D’ailleurs, parmi les grands hommes politiques du 20ème siècle à admettre le caractère Juif d’Israël, il faut compter De Gaulle.
On ne peut pas dire d’un peuple qu’il est dominateur et sûr de lui et en même temps lui refuser l’évidence qui introduit cette affirmation, à savoir le fait d’avoir un pays. Ce ne serait pas logique. N’est-ce pas, mon Général ?

Finalement, Mahmoud Abbas dit en termes plus policés ce qu’affirme Ahmadinejad depuis tant d’années. La différence entre les deux est simplement temporelle. Le Président iranien aimerait sans doute utiliser rapidement des méthodes plus expéditives.

Pour l’instant, Mahmoud Abbas n’a pas encore la bombe. Dans quelques siècles, peut-être...

Pierre Lefebvre
© Primo, 27 avril 2009

NOTES
1) En 1982, à Moscou,
sous la direction d’Evgueni Primakov. Sa thèse était intitulée :
« l’envers du décor : les relations secrètes entre le nazisme et le sionisme. »

* Emprunté à l’occitan "qu’es aquò?"
(« qu’est-ce que c’est ? »)

Lire également sur Primo
une étude en trois parties :
Israël, quelle légitimité ?
de Jean-Daniel Chevalier

Les propos tenus dans « Les Cahiers de l’Information » n’engagent pas la responsabilité du CCJN.

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